Questions


"Questions sur l’Advaita Vedanta (non dualisme)      

   

Question : En quoi ces théories peuvent-elles changer notre vie, la société, le monde… ?


Réponse : Tout d’abord, il ne s’agit pas de théories ou d’enseignements dans un sens matérialiste. 


C'est une Révélation Essentielle, un Dévoilement qui se transmet à l'humanité de manière continue à travers le temps et l’espace. 


Cependant, comme les êtres humains ne peuvent pas tous se satisfaire d'une révélation  synthétique essentielle, diverses indications ou ‘enseignements’, adaptés aux principaux types de mentalités humaines, ont été créés, structurés, développés et dévoilés pour répondre au mieux aux diverses questions posées.


Deuxièmement, ces indications ne visent pas principalement à modifier ou améliorer les aspects physiques ou psychologiques des êtres, ni à infléchir ou transformer les phénomènes et événements des sociétés, du monde, de l'univers.


Elles ont pour but premier d’informer les êtres humains sur la nature limitée et contraignante (variable, impermanente, imparfaite), de toutes les apparences, et d’éclairer ceux qui sont trop influencés par ces apparences, en sont esclaves et en souffrent.


Ceci, posé en préliminaire, ne doit pas être faussement interprété, comme si l'Advaita Vedanta se portait garant de l'existence réelle des apparences relatives telles que l'ego, le monde, l’univers, Dieu ou toute autre élément.

Pour l'Advaita Vedanta, toute apparence, tout être, toute chose, n'est rien d'autre que Brahman (Conscience Pure, Etre absolu, Réalité illimitée).


« Les vagues de la mer ainsi que la mer elle-même sont fondamentalement de l’Eau. »


Naturellement, cette  « Révélation » - ce « Dévoilement » - qui vise à dissiper les confusions et mystifications, s'adresse en priorité à ceux qui doutent sincèrement et qui attendent des réponses claires.


Question : Mais pourquoi croire que ces indications ne sont pas, elles aussi, relatives et limitatives, trompeuses et illusoires ? Pourquoi ne pas simplement demeurer libre, paisible et heureux ? 


Réponse : Oui, il serait déraisonnable de croire, sans vérification ni expérimentation, à des indications ou injonctions orales ou écrites, quelles qu’elles soient. 

Normalement, chacun devrait s’assurer, au moyen d'une investigation profonde et d'une expérimentation avérée, de la validité de ce qui lui à été transmis ainsi que de ce qui lui est actuellement communiqué.


Oui ! Rester libre, paisible, heureux. 


C'est exactement ce que  la révélation védantique transmet de diverses façons à travers son ‘enseignement’ théorique et pratique. 


Dans cette optique, un premier message clair est énoncé : [« Neti-Neti - Ni ceci-Ni cela »]


Avant tout : Ne pas se fier aux apparences, quelles qu'elles soient ; éviter de considérer « ceci » ou « cela » comme la véritable réalité ; ne se concentrer exclusivement sur aucune forme de manifestation physique, émotionnelle ou mentale ; ne s’attacher à aucune forme de sensation, émotion, perception, imagination ou croyance.


Neti, neti ! Ni ceci, ni cela !


Il est clair que cet avertissement s'adresse principalement à celui qui perçoit ‘ceci’ ou ‘cela’, c'est-à-dire à l'ego lui-même. C’est donc l’ego que l’Advaita Védanta interpelle sans équivoque à travers sa Grande Parole révélatrice (Mahavakya) : 


« Tu n'es ni ceci, ni cela ! »


Dans les traditions occidentales, l’ego - dérivant du grec « eγώ » signifiant ´je’, ´moi’, ou, ´soi-même´ - symbolise la conscience de soi en tant qu’individu. Il s’agit donc d’une conscience limitée, basée  sur des apparences physiques, émotionnelles et mentales qui sont relatives et passagères. Ainsi, ce ´je’, ne peut pas, ‘par soi-même’, être pleinement conscient de sa véritable Réalité, de son « Soi » véritable.


A travers ses perceptions physiques et mentales, l'ego (conscience limitée) ne peut pas se connaître en tant que Conscience illimitée, ou Réalité illimitée (Brahman).


L'ego ne peut être véritablement  libre, en paix, heureux.


A quelques rares exceptions près, la majorité des individus en quête de clarté, de paix, de liberté, de joie, de sérénité… doivent s'engager dans une quête et une expérimentation spirituelle prolongées afin de se libérer des croyances limitantes dont ils sont plus ou moins dépendants. La première d'entre elles étant de consiérer comme vraiment réelles les apparences physiques et mentales qui composent un personnage variable, instable, problématique : l’ego.


C’est donc dans une perspective libératrice, que cette injonction frappante, associée à «Neti Neti », est clairement énoncée par la sagesse védantique : « Tu es ‘Cela’ ! Tu es le Brahman. Tu es la Conscience pure, paisible et libre. Tu es véritablement 'Cela’ qui n'est ni ‘ceci’ ni ‘cela’.


Le terme Brahman (que l'on traduit par Conscience ou Soi), n'est qu'un symbole de la Véritable Réalité de tout être et de toute chose. Cette « Véritable Réalité » échappe à nos capacités physiques et mentales limitées.


Il est impossible de décrire la Vraie Réalité. la Conscience, le Soi - le Brahman.

Tout simplement parce qu'il englobe et synthétise toutes les possibilités, ce Principe Primordial ne peut être envisagé de la même  manière qu’une réalité limitée. Toute réalité limitée est composée d'aspects perceptibles, permettant sa compréhension et sa description, tandis que la Véritable Réalité est sans attributs, non limitée et insaisissable.


Il est évident que ce Principe essentiel de conscience, de révélation et d'expérience, est imperceptible et indescriptible par des organes et facultés physiques et mentales limitées. Cependant, étant le fondement primordial qui éclaire et anime tout être et toute chose, il se révèle intuitivement en tant que conscience de « Je », de « Soi-même », de manière plus ou moins claire ou confuse, dans l'esprit des êtres vivants dotés non seulement de sensibilité mais surtout d'aptitudes cognitives assez avancées, comme c’est le cas des êtres humains.


En tant que Vraie Réalité, ce Principe essentiel, fondement de toute révélation, de toute connaissance, de toute expérience, constitue la véritable essence de l’ego, de tout être, de toute chose. Il ne doit pas être confondu avec la conscience divine représentée en Occident par le terme Dieu, ni avec la 'conscience collective' ou 'l'âme collective', ni avec la conscience individuelle, désignée confusément par des termes tels que ego, esprit ou âme, selon les définitions spécifiques des diverses traditions occidentales  (philosophiques, religieuses ou scientifiques.)


D'un certain point de vue, nous pouvons affirmer que la véritable Conscience est omniprésente, c'est-à-dire, présente partout, en tout lieu, en tout temps, en tout être, en toute chose, mais cela ne doit pas être mal interprété. Pour comprendre cela correctement, il est essentiel de découvrir que tout ce à quoi nous pouvons conférer une existence perceptible ou non-perceptible est révélé indéniablement par la Conscience ou, plus précisément, que la Conscience est le substratum primordial de manifestation ou de non manifestation de tout être, de toute chose. 


Comme expliqué plus haut, la plupart des gens, en particulier en Occident, comprennent le mot conscience (ego) dans son sens réflexif, c'est-à-dire comme prise de conscience de soi-même en tant qu’individu. Ils pensent que la conscience individuelle (ego), pourrait avoir conscience d’elle-même par elle-même. Pourtant, en vérité, tout comme les yeux ne peuvent pas se voir directement eux-mêmes, l'ego (la conscience individuelle, le soi individuel) ne peut pas se connaître directement en tant que « Soi-Même », en tant que vraie Conscience. 


L'ego n'est qu'une apparence dont le Principe révélateur n'est pas lui-même.

C’est la Véritable Conscience, le vrai Soi, qui révèle l’ego.


Mais qui est donc ce vrai Soi ?


Selon l'Advaita Vedanta, la meilleure manière de susciter une révélation intuitive de la vraie réalité de Soi-même, du vrai Soi (Atman), de la vraie Conscience (Brahman), est l'approche négative : « ni ceci ni cela », « ni comme ceci ni comme cela ».


En réalité, aucune preuve tangible de la vraie Réalité n'existe dans le domaine où nous la cherchons habituellement, c'est-à-dire dans le domaine des manifestations passagères, dans ‘ceci’ ou dans ‘cela’.


La question concernant la preuve de la vraie Réalité demeure sans réponse tant qu'elle dépend d'un ego limité qui se fige dans ce qu'il perçoit, comprend, imagine ou croit. 


En définitive, nous n'avons pas besoin de preuves ; nous avons une conscience profonde et une certitude de notre essence véritable. Néanmoins, comme l'indique l'Advaita Védanta, c'est en raison de l'ignorance et de l'illusion (Avidya, Maya) que nous réduisons ce véritable 'Soi-Même' à un 'soi-même' ou 'moi-même' relatif : l'ego.


Intervention du questionneur :  


Cette réponse peut paraître satisfaisante aux personnes naïves ou crédules mais aux sceptiques elle peut sembler trompeuse, fondée sur des assertions d'autorité reposant sur des croyances illusoires ou déraisonnables. Pour eux, les affirmations basées sur des connaissances et expériences qui ne correspondent pas à celles de la culture matérialiste, semblent doctrinaires, élitistes (dans le sens péjoratif de de terme). Elles sont rangées parfois dans la catégorie négative des dérives sectaires.


Réponse : Tout d’abord, le scepticisme ne garantit pas l'absence de naïveté ni l'existence d'une scientificité authentique.


De plus, la sagesse non matérialiste, représentée par des individus humainement remarquables, est quasiment absente des sociétés occidentales fortement influencées par le matérialisme et l'égalitarisme. Par conséquent, les préceptes de cette sagesse peuvent sembler égoïstes, élitistes et sectaires pour ceux qui en sont peu familiers. 

Cependant, il est indéniable qu'il existe de véritables disparités, tant quantitatives que qualitatives, entre les individus. Cela ne fait aucun doute. 

Ainsi, pour ce qui est des capacités physiques, rares sont ceux qui peuvent rivaliser avec Lionel Messi ou Kylian Mbappé, tout comme, sur le plan intellectuel, peu de scientifiques peuvent égaler des personnalités telles que Louis Pasteur ou Albert Einstein.

De façon similaire, en matière de sagesse, tous ne se trouvent pas au même niveau d’éveil, de clarté et de transparence spirituelle. Des figures exceptionnelles comme Ramana Maharshi ou Nisargadatta Maharaj possédaient un degré de sagesse remarquable. Leur rayonnement spirituel témoigne qu'il n'est pas nécessaire de se conformer aux normes scientifiques ou religieuses dominantes pour incarner la sagesse. Ces deux hommes, détachés de tout conformisme limitant, faisaient preuve d'une logique et d'un pragmatisme incontestables, ainsi que d'une intelligence et d'une sagesse profondément communicatives.


Les enseignements des traditions de sagesse les plus éclairées indiquent que l’Univers est structuré de manière hiérarchiquement ordonnée et que chaque être ou niveau de réalité a sa place  spécifique dans cet ordre hiérarchique. 


Enfin, il est clair que les diverses idéologies et expériences qui dominent dans les sociétés humaines, ne représentent pas des moyens efficaces pour atteindre la clarté de conscience, la paix, la liberté, l'amour et la sérénité. Même si la science officielle offre des avantages notables sur les plans physiques et psychiques, grâce à certaines découvertes fondamentales et à des avancées technologiques impressionnantes, elle engendre également des effets toxiques, dont certains peuvent s’avérer catastrophiques. 

Quant aux religions, bien qu’elles puissent générer des comportements bénéfiques (comme la compassion ou la charité), leurs croyances et enseignements entraînent souvent des divisions, des disputes et des violences.


Voici ce que dit Ramana Maharshi á ce sujet :


« La vérité absolue est d’une simplicité déconcertante, elle ne consiste qu’à être dans son état naturel et originel. Il est surprenant que, pour transmettre une vérité si simple, de nombreuses religions aient été fondées et que tant de conflits aient éclaté entre elles pour déterminer quel enseignement était fondamental. Quelle tristesse ! Il suffit d’être dans l'Être, c'est tout ! »


En vérité, ni la voie empirique, ni la voie scientifique, ni la voie religieuse, ne parviennent à résoudre les grands défis auxquels l’humanité est confrontée (comme les maladies, les épidémies, les guerres, les catastrophes, la violence, etc.). De plus, les individus qui suivent ces chemins se retrouvent souvent déconcertés et sans solutions efficaces face aux perturbations, dérives et souffrances d’ordre plus subtil. Par conséquent, ceux qui remettent en question ces voies conventionnelles, font preuve de maturité en se tournant vers la 'sagesse métaphysique’, dans son sens le plus large, dont l’objectif essentiel est de viser l’illimité grâce au désillusionnement de l’ego.


D'une part, la sagesse métaphysique primordiale, à l’origine de l’Advaita Védanta (non-dualisme) a su transmettre des indications et des exercices pragmatiques de grande valeur, telles que les recommandations éthiques pour vivre en société (Niya Niyama) et les pratiques de yoga et de méditation, reconnues mondialement pour leur efficacité, et adoptées par un Occident souvent très matérialiste.


D'autre part, cette Sagesse a pour but fondamental de faire comprendre que toutes les perceptions, sensations, émotions, conceptions, croyances et actions - qu’elles soient sociologiques, politiques, religieuses, ou scientifiques - demeurent limitées. 


La révélation Advaita Vedanta se présente donc comme une épine salvatrice permettant de retirer une épine douloureuse. Une fois l'opération salvatrice réussie - libération de l'ignorance, des illusions - ces deux épines perdent naturellement leur fonction.


Question : Mais si, selon cette révélation essentielle, l'individu, la société et le monde ne sont pas vraiment réels, s'ils n'existent pas de manière tangible, comme l'affirment en général ceux qui transmettent l’enseignement non-dualiste, cela signifie que ces derniers sont également irréels et que leurs indications et justifications sont forcément irréalistes et illusoires.


Réponse : Certaines informations subtiles peuvent être exprimées de manière imprudente et imprécise ; elles ne doivent pas être mal interprétées. 

La ’Révélation métaphysique’ se manifeste, en apparence, à travers des individus comme vous et moi, revêtant un aspect physique et des facultés subtiles propres aux humains. Les porteurs de sagesse partagent, en apparence, le même monde humain, s’alimentent, se déplacent, disposent d’un statut social, éprouvent des maladies, etc. 


Cependant, ceux qui expriment spécifiquement la sagesse advaitique (non-dualisme) ont à cœur de guider les chercheurs vers le point métaphysique le plus essentiel de la quête spirituelle qui transcende toutes les apparences : la Conscience Pure. 


Les instructeurs dignes de confiance respectent l'impression limitante selon laquelle les êtres et le monde sont réels. Ils comprennent parfaitement la difficulté d’accepter l’affirmation que la goutte d'eau est en réalité : « Eau », que l'ego, ainsi que chaque être et chaque chose est en vérité : « Pure Conscience ».


Il est vrai que la transmission de la «Sagesse authentique » s’effectue, apparemment, à partir de personnalités relativement limitées mais elle n’est pas engendrée par des individus ou des collectivités. Les guides spirituels dignes de confiance, sont conscients d’être seulement d’humbles transmetteurs confrontés aux limites inhérentes à leur domaine d’expression.


La Source véritable de la « Révélation essentielle » est transpersonnelle, inconditionnée, illimitée. 


Le Principe Primordial (Être Réel, Conscience Pure) ainsi que les Valeurs universelles mises en avant par les traditions de Sagesse ne peuvent appartenir ni à une individualité, ni à un groupe, ni à une civilisation spécifique.


Cela dit, la façon dont ce Principe et ces Valeurs sont révélés peut varier en termes de clarté, de brillance et d’efficacité. 


La transmission védantique se distingue par sa clarté et son efficience. Elle souligne sans équivoque notre méprise concernant la réalité de la conscience, du monde, de la vie. Elle précise clairement que la « Réalité Véritable » est supra individuelle, supra cosmique, transcendante, illimitée, mais que les Valeurs universelles qui en découlent (la Paix, la Liberté, l'Amour, la Joie, etc. ) ont toujours été et continuent d’être dignement valorisées en tous temps et en tous lieux. 


Tout chercheur authentique peut reconnaître que le Principe transcendant et les Valeurs universelles qui y sont associées sont fondamentalement partagées par toutes les traditions spirituelles, qu'elles soient, religieuses ou non. 


La révélation et l'incarnation de ce Principe Fondamental et de ces Valeurs universelles se transmettent indéniablement par l’intermédiaire de figures humaines éclairées et humbles, les Sages, les Rishis, ainsi que par des Paroles et Écritures essentielles (Sruti, Écritures sacrées) qu’ils ont prononcées ou rédigées.

Il est également important de noter que les transmetteurs humains dignes de confiance, ne sont ni autoritaristes, ni dogmatiques, ni sectaires, même si leurs propos peuvent parfois sembler particulièrement percutants ou intenses. 


Tout comme le soleil rayonne et apporte chaleur, parfois de manière aveuglante et ardente, ces transmetteurs témoignent avec naturel et courage du Principe et des Valeurs de Sagesse qui les inspirent.


A toutes les époques et en tous lieux, ce Principe et ces Valeurs attirent naturellement les chercheurs sincères.


Question : Comment peut-on être certain de ne pas faire fausse route ? 

Comment se débarrasser des doutes et de l'incertitude ? 

Pourquoi ne pas plutôt se fier aux conceptions et expériences empiriques, religieuses ou scientifiques, si prédominantes et qui font sens pour le plus grand nombre de personnes ? 


Réponse : Contrairement à ce que pourraient penser les non-initiés, l'enseignement advaitique n'est opposé ni à l’expérience empirique, ni à la religion, ni à la science. 


Ces domaines de la vie humaine sont relativement valides dans le domaine de l’observation et de l’expérimentation des phénomènes et activités physiques et mentales.


Cependant, le champ d'observation et d'expérimentation de la métaphysique (science de la Conscience) propre à la Révélation Primordiale, donc à l’Advaita Védanta, (concerne essentiellement la Conscience elle-même, qui est le Principe Révélateur des êtres et des choses, des phénomènes et des événements objectifs ou subjectifs.


La science de la « Conscience » n’est pas en contradiction avec la science officielle.


Fondée sur l’expérience ‘métaphysique’ (investigation supra sensorielle, méditation profonde, suspension temporaire des sensations, émotions, imaginations, pensées…), la révélation védantique apprend aux chercheurs que l'ego est souvent influencé par des perceptions, émotions et croyances qui peuvent être douteuses et trompeuses, car la perception et la conception ordinaire de soi-même et du 'monde' (êtres, phénomènes, événements…) repose sur les expériences relatives vécues durant l'état de veille (expérience empirique).


En général, lorsqu’on aborde le sujet des états de veille, de rêve et de sommeil profond, on les considère seulement à partir de la manifestation physique et mentale qui correspond à l’état de veille.  


Du point de vue advaita, cette vision de la réalité est trompeuse.


Chacun des trois états - veille, rêve et sommeil profond - doit être appréhendé selon sa propre essence, sans confusion avec les autres.


Les sages védantiques font une distinction claire, vraiment scientifique, sans ambiguïté,

entre chacun de ces états.

Ils ne confondent pas les perceptions, connaissances et expériences de l’état de veille avec celles de l’état de rêve ; ils n’imaginent pas indûment que le sommeil profond, pourtant imperceptible, se situe dans le même domaine d’existence, dans le même monde, que celui où évoluent les états de veille et de rêve.


L’expérience et la compréhension du sommeil profond représentent une spécificité illuminante majeure de la révélation védantique. 


Parmi toutes les traditions spirituelles profondément éveillées, seule la tradition védantique explique clairement que les états de veille et de rêve sont des expériences limitées, tandis que le sommeil profond pour lequel le terme "état" est inapproprié, est illimité.  Dans cette tradition, ce « non-état » n'est autre que « l’Atman ou le Brahman » (l'Être Réel, le Soi, la Conscience Pure). 


Le terme Brahman symbolise le Principe ultime de Conscience, de Réalité, nécessaire à la révélation du manifesté et du non manifesté.


En français, Brahman signifie : « Conscience/Expérience claire, pure, paisible, libre… ».


Si on l’envisage selon sa propre essence, mais exprimée à travers le langage humain dont la fonction révélatrice demeure forcément relative, l'expérience du sommeil profond évoque des qualités telles que la clarté, la pureté, la paix, l'amour, la liberté, la sérénité…


La « connaissance /expérience » du sommeil profond est directe, immédiate, non dualiste (aparoksa). 


Grâce au sommeil profond, nous avons la certitude d'être au-delà des limitations contraignantes, sans voiles, donc, d’être libres, indépendants des réalités qui se manifestent durant les états de veille et de rêve. 


Cette connaissance/expérience fondamentale, dépourvue d’aspects, de limites, de conditions, nous permet de conférer une clarté révélatrice intuitive aux termes d'Être Réel, de Conscience Pure. 


Il n’existe aucune distinction entre sommeil profond, expérience libératrice et réalisation du Soi. 


« Une personne en sommeil profond et une personne pleinement éveillée ne font qu'un. Nisargadatta » - [« A person in deep sleep and the person fully awake are one and the same. » Nisargadatta ]


Tous les êtres humains normalement constitués sont naturellement concernés par cette expérience/connaissance non dualiste, même si tous ne prennent pas conscience de sa véritable valeur. 


Cet ‘État sans états’ n'est pas affecté par les phénomènes ou événements. Il est inconditionnel et sans limites.


C'est ce que révèle clairement l'Advaita Vedanta.


Lorsque nous sommes captivés par les manifestations de l’éveil ou du rêve, ce que nous désignons comme "sommeil profond" ou "vacuité" est recouvert et dissimulé par les apparences physiques et mentales.


Dans les deux états, éveil et rêve, nous faisons l'expérience de la relativité, des limitations, des illusions - de l'ignorance, au sens védantique : avidya, superposition trompeuse - alors que dans le sommeil profond, exempt de limitations, nous sommes en Pure Conscience.


« L'Atma (le Soi) brille par Lui-Même ; il ne peut être objectivé ni nié. L’Anatma (le non Soi) est définitivement nié par la Tradition Primordiale (Sruti). C'est ce qu’exprime la formule : « neti neti » (ni ceci ni cela). Mais l’Atma (le Soi) ne peut être nié. Il est connu ('réalisé') lorsque tout ce qui peut être nié l’est. - Upadesa Sahasri. »


Conclusion :


Il est indéniablement souhaitable de rester libre et heureux, mais l'ego se révèle être naturellement fluctuant, agité et variable, inconstant (la vague). Il est donc essentiel, pour l'ego, de s'orienter vers l'Essentiel, de s’aligner avec les Valeurs universelles de Sagesse (non-violence, bienveillance, respect, dignité, paix, amour, joie, sérénité…), et de faire confiance à Soi-Même, à la Conscience Pure (l'Eau Pure).


Note finale :


Qu'est donc, réellement, le 'sommeil profond' ? Qu'advient-il de l'ego en cette vacuité ? 

Que savons-nous vraiment à ce sujet ?

Que pouvons-nous vraiment affirmer de manière sérieuse ?


Nous pourrions dire par exemple : « Je ne sais pas ». 

Je ne peux pas dire si j’étais endormi ou éveillé. Je ne peux pas dire si j’existais ou non, si le monde existait ou non.


Pourant, au réveil, nous déclarons spontanément :

« J’ai bien dormi ! », ou, « J’étais en 'sommeil profond !´ », ou encore : « C’était un 'sommeil de plomb !’ ».


Ces déclarations spontanées sont étonnantes et instructives. En effet, bien que l'ego (le "je" relatif) puisse raisonnablement prétendre ne rien savoir de cette expérience, il affirme pourtant, de manière immédiate et directe, a son réveil, qu’il a dormi profondément. Cela signifie, sans aucun doute, qu’il n'a pas cette connaissance par l’intermédiaire d’un processus de réflexion ou d'inférence ; ceux-ci sont dépourvus de spontanéité. Cette affirmation, directe, immédiate, spontanée, implique nécessairement la présence du Révélateur Réel, du Soi, de la Conscience illimitée.


Autrement dit, l’inertie de l’ego, son impossibilité d’être un connaisseur lors du sommeil profond, ne signifie pas l’absence de l’Être révélateur, du Soi (Atman), de de la Conscience  (Brahman).


En sommeil profond, comme en tout autre  'pseudo-état' de « vacuité » - ainsi que dans les états de manifestations relatives de veille ou de rêve - l’absence de Conscience n’est pas possible. 


Sans Conscience aucune révélation, qu'elle soit rêvée ou éveillée, spontanée ou non spontanée, ne peut se produire. 


Le « je » relatif, l'ego (conscience individuelle), ainsi que les facultés sensorielles physiques et mentales peuvent rester non manifestés, comme dans les cas d'inertie, de stupeur, de perte de connaissance, de sommeil profond, de méditation profonde ou de coma. Cependant, personne ne peut nier la présence de la Conscience réelle, de l’Être réel, du Soi.


En réalité, un examen approfondi concernant les états de « vacuité », nous révèle qu’aucune réalité, qu'elle soit grossière ou subtile, objective ou subjective, ne peut être directement expérimentée ou connue par l’ego. La véritable source de révélation et d'expérience, qu'il s'agisse de manifestations ou de leur absence, ne peut être que le Soi, la Conscience authentique.


« En sommeil profond, où se trouvait l’ego ? Où était le monde ? Étaient-ils peut-être contenus dans certains états subtils, disons, comme un arbre dans une graine ? Si tel était le cas, alors, cette graine aurait pu être « vue ». Quelqu’un a-t'il « vu » la semence de l’ego ou du monde dans le sommeil profond ? 

Au réveil, nous réalisons que le ‘moi’, le corps et le monde sont  présents ; mais existaient-ils véritablement au moment du sommeil profond ? 

Nous pouvons présumer que le monde à dû exister et que le corps ainsi que l’ego étaient en état d'inertie. Cependant, ces hypothèses se fondent sur nos expériences en état de veille ou de rêve et ne reflètent pas la « vacuité » intrinsèque du sommeil profond.  


D'après la perspective des perceptions ordinaires que partagent la plupart des êtres humains, il semble raisonnable de penser que notre existence et celle du monde étaient réelles. Ce serait illogique de penser autrement.


Cependant, selon la perspective  métaphysique qui sous-tend la sagesse védantique, cette hypothèse ne devrait pas être adoptée comme une conviction absolue. 


Même sans recourir à la métaphysique, nous pouvons remettre en question la certitude de nos perceptions et croyances. En effet, quand nous sommes en état de veille, nous avons la ferme conviction que les perceptions et événements de cet état sont vraiment réels. De la même manière, en état de rêve, nous considérons que ce que nous percevons et vivons est vraiment réel. Ces simples observations peuvent suffire à nous convaincre que ce que nous croyons être véritablement réel ne l’est pas.


Ce qui est toujours et partout véritablement Réel, n’est ni l’ego, ni le monde, ni ceci ni cela. 


Le Réel (le Brahman) est naturellement présent dans tous les états, qu'ils soient  manifestés ou non. 

En conséquence, les sages védantiques authentiques nous conseillent de pratiquer régulièrement la méditation profonde qui permet de découvrir, de manière consciente et volontaire, le même désillusionnement que celui du sommeil profond. Cela nous aide à retrouver la paix et la plénitude, nécessaires pour accomplir nos responsabilités individuelles et sociales avec lucidité, avec confiance, avec sagesse.

e.b. πŸ™πŸ’–


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